
Les 6 commandements d’une cosmétique maison intelligente
Que tu sois aguerri.e dans la fabrication maison de tes produits cosmétiques et ménagers, ou que tu souhaites t’y mettre, il y a quelques conseils à retenir. Ces 6 commandements te permettront d’identifier les « points critiques » en vue d’une cosmétique maison intelligente, c’est-à-dire réellement écologique, économique et saine.
La sécurité de tous tu assureras
Avant de te lancer, il te faut vérifier certains points de sécurité qui peuvent sembler logiques mais ne sont malheureusement pas toujours respectés. D’autres te paraîtront excessifs, mais mieux vaut garder en tête ce à quoi il faut être attentif.
- Du matériel propre, désinfecté à l’eau bouillante de préférence.
- Un plan de travail débarrassé de tout ce qui ne t’est pas utile.
- Pas de zig-zag de chat dans les pattes, pas d’enfant en écharpe, pas de sollicitations qui te feraient perdre le fil de la recette… ou ton équilibre !
- Un dessous de plat, un torchon et un point d’eau à proximité : comme en cuisine, quand il y a chauffage, il y a besoin de pouvoir parer à toute urgence.
- Des mains propres, une tenue adaptée, des cheveux attachés.
- Le port de gants et de lunettes de sécurité pour la manipulation d’ingrédients corrosifs comme la soude si tu fais tes savons, mais aussi les huiles essentielles si tu mets le nez sur le flacon pour les compter…
- Pense aussi au port d’un masque si tu manipules beaucoup de poudres volatiles, comme l’argile, des farines ou certains actifs : un peu, ça va, mais souvent, ça devient irritant pour le système respiratoire.
A l’apprenti chimiste tu ne joueras pas
J’entends souvent que fabriquer un produit cosmétique, c’est comme monter une mayonnaise : pas toujours très réussi, mais rien de bien méchant non plus. Soit, la tambouille reste la tambouille. Mais les ingrédients et les techniques en cosmétique nécessitent plus de précautions que certaines recettes de cuisine.
Mieux vaut être sûr de la formule à suivre et éviter de trop grandes expériences sans connaissance des ingrédients utilisés. Même si ce sont des ingrédients que tu trouves dans le placard de ta cuisine. Ce n’est pas parce qu’un aliment est bon à manger, qu’il le sera autant en application sur la peau ou les cheveux, voire pire, sur les yeux. Il en va de même pour l’utilisation des actifs et des conservateurs, aussi bio et naturels soient-ils : il est important de s’en tenir au dosage recommandé par le fabricant ou le vendeur.
Certaines huiles et cires n’aiment pas être trop chauffées, les huiles essentielles et parfums sont à ajouter après refroidissement, et c’est aussi le cas pour la plupart des conservateurs et certains actifs… Là encore, il est préférable de bien connaître les matières que tu manipules. Le risque ? Perdre les qualités de ton produit – passe encore – ou faire une mauvaise réaction et finir chez le médecin – moins sympa !

Des ingrédients sains tu choisiras
Si tu fais tes propres produits pour éviter les ingrédients douteux de l’industrie cosmétique ou des produits ménagers, garde ce même raisonnement lors du choix de tes ingrédients. Les fournisseurs de matières premières pour cosmétique maison proposent de tout, dont certaines substances controversées.
Ce point concerne principalement les ingrédients en partie naturels, qui ont donc une part synthétique, c’est-à-dire ayant subis des transformations chimiques ou provenant de la pétrochimie. Citons par exemple certains émulsionnants, tensio-actifs, ou encore certains conservateurs et épaississants. Tous ne sont pas à mettre dans le même panier, mais ces matières méritent une attention particulière. Quelques indices pour te mettre la puce à l’oreille : les mots « éthoxylés », « polysorbate », le suffixe « -eth » sont à éviter. Ou encore s’il n’y a pas de labellisation biologique comme COSMOS – attention, le label n’est pas une obligation mais son absence doit t’alerter.
Il peut aussi s’agir d’ingrédients naturels ou « d’origine 100% naturelle » dont l’innocuité parfaite est remise en question, avec principalement des risques d’allergie, comme la « cocamidopropyl betaïne » parfois appelée « coco-betaïne », pour laquelle on estime 6% d’allergiques dans la population. Tout le monde n’a pas non plus la même sensibilité face aux différentes huiles essentielles ou fragrances, à utiliser avec précaution.
Une utilisation raisonnable des huiles essentielles tu feras
Dans une démarche qui se veut naturelle, le choix de remplacer les parfums de synthèse réputés nocifs par des huiles essentielles semble évident. Je ne compte plus les recettes maison de lessive, déodorant, dentifrice que je vois passer et qui préconisent l’incorporation d’huiles essentielles comme substance parfumante. Et pourtant, deux points cruciaux sont oubliés à leur sujet :
- Bien que naturelles, les huiles essentielles ne sont pas sans risque car elles ont une action forte sur l’organisme.
- Et c’est donc pour leurs propriétés actives qu’elles doivent être utilisées plus que pour leur odeur, car elles ne durent pas dans le temps et contiennent des allergènes !
Qui dit action forte dit rôle thérapeutique. Les huiles essentielles ont une utilité pour soulager différents maux. Par-là même, leur utilisation est censée être occasionnelle et réfléchie, vu qu’elles ne sont pas sans conséquences. Selon leur qualité et leur provenance, elles contiennent des composés allergisants à plus ou moins fortes concentrations, comme c’est le cas des terpènes, avec le limonene par exemple, le geraniol ou le linalool. Sans compter celles à bannir pendant la grossesse ou chez l’enfant : bien s’informer à ce sujet est préférable, même pour un usage cosmétique.
De plus, l’odeur d’une huile essentielle utilisée dans une lessive ou dans un dentifrice maison ne tient pas la durée et n’a donc pour cette utilisation qu’un intérêt très limité. Si tu as tenté l’expérience, tu t’en es sûrement rendu compte : après quelques heures, le linge ne sent plus rien, et ta formule maison non plus. Dommage donc.

Dans une démarche écologique tu resteras
En voulant faire trop de produits soi-même, dès le début, on a tendance à acheter trop d’ingrédients différents, ou en quantités trop importantes. Entre effet de mode, lassitude, manque de temps ou résultats pas tout à fait à la hauteur de nos espérances, les ingrédients finissent par se périmer dans le fond d’un placard. Sans compter qu’ils sont généralement vendus dans des emballages plastiques, en flacon ou sachet, et rarement en vrac. Pour éviter le gâchis, choisis, pour commencer, des produits simples à fabriquer, nécessitant peu d’ingrédients et de matériel.
Le respect de la planète passe aussi par le choix de tes ingrédients :
- Des ingrédients simples, les plus bruts possible, c’est-à-dire non transformés : les huiles végétales, les cires ou encore les argiles, et les vinaigres. Car qui dit transformation dit usine et tout ce qui s’en suit : transport, eau, CO2, pollution… Donc des étapes qui viennent s’ajouter à l’obtention de la matière première.
- Des matières premières le plus souvent locales : on pense local pour la nourriture, il en va de même pour les ingrédients cosmétiques, pour éviter un long transport souvent polluant et être certain du respect de l’éthique des producteurs.
- Pas – ou peu ! – de plantes rares ou responsables de déforestation… Aïe le point sensible en cosmétique ! Les ingrédients comme les émulsionnants, les tensio-actifs, les esters, proviennent, lorsqu’ils sont d’origine naturelle, du palme ou du coco, parfois – souvent – responsables de déforestation massive. Certaines huiles essentielles, actifs ou hydrolats, proviennent quant à eux, de plantes rares ou de cueillette sauvage : mieux vaut les utiliser avec parcimonie.
Un esprit critique tu garderas
L’engouement pour le DIY et la cosmétique maison ces dernières années a vu surgir plein de recettes de grand-mère et de tentatives personnelles plus ou moins réussies diffusées sur le net, puis à la télé, dans les magazines, les livres. Si certaines propositions sont intéressantes et sans risques, pour d’autres, il y a de quoi pâlir. Car, je me répète mais non, ce n’est pas parce qu’il est « naturel » qu’un ingrédient est bon pour le visage ou pire, pour le maquillage des yeux. Et ce qui est supporté par l’un ne le sera pas nécessairement par l’autre non plus : à chacun sa sensibilité.
Si on peut remettre en question l’innocuité de la cosmétique actuelle à long terme, elle est dans l’ensemble très bien encadrée pour les risques immédiats et la sécurité microbiologique. Je rappelle que les produits cosmétiques font TOUS l’objets de tests et de contrôles par un toxicologue : c’est une obligation légale ! Les ingrédients sont évalués, leur dosage dans le produit fini aussi, des tests de tolérance cutanée et/ou oculaire sont réalisés… ce qui n’est quasiment jamais le cas pour des formules maison ! D’où l’importance de bien te renseigner sur la formule qui te fait envie. Même si elle vient d’un super site connu ou d’un bouquin mis en avant chez ton libraire.
Enfin, les fournisseurs d’ingrédients pour cosmétique maison savent tout aussi bien user (et abuser) du marketing que les marques de produits finis ! Ils savent employer les jolis mots « zéro déchet », « économique », « cosmétique saine », « ingrédients naturels ». Garde en tête qu’acheter un ingrédient conseillé dans une formule, c’est comme acheter un produit vanté à la télé : il est peut-être très bien, mais peut-être qu’il cache une part d’ombre aussi !


2 commentaires
greenjaseuse
C’est très bien résumé ! Il ne faut pas se lancer comme ça sans prendre quelques précaution ! 🙂
Eleni
Ce qui semble logique pour certains… mais pas pour tout le monde ! 😉
C’est tellement rigolo de faire soi-même qu’on en oublie les basiques.