4 faux produits écologiques
L’écologie est à la mode. Pour de très bonnes raisons, donc tant mieux ! Mais qui dit effet de mode, dit aussi greenwashing, publicités mensongères, incohérences ou fausses bonnes idées. Pour cet article, j’ai répertorié 4 produits qui semblent à première vue plutôt écologiques, mais qui sont moins verts de près que ce qu’on veut nous faire croire.
J’ai d’abord hésité à appeler cet article « peut-on se satisfaire du moins pire ». Mais dans les exemples que je cite, il existe pour la plupart du temps des alternatives saines et propres ou « vraiment moins pire ». Alors non, ici, il ne s’agit pas de faire un peu mieux que les habitudes polluantes qu’on avait prises, mais bien d’ouvrir les yeux sur le greenwashing.
La brosse à dents en bambou
Je tape fort pour commencer : la brosse à dents en bambou n’est pas une brosse à dents écologique. Non, désolée. En voici les principales raisons :
- La brosse en bambou se jette entièrement après une durée classique d’utilisation de 2 à 3 mois, comme nos habituelles brosses à dents industrielles.
- Le manche est compostable, mais le bambou se dégrade difficilement, et encore faut-il avoir un composteur chez soi, sinon il part aux ordures ménagères. En revanche, la tête et les poils ne le sont pas : ils finissent donc toujours leur vie à la poubelle.
- L’espèce de bambou utilisée pour les brosses ne provient pas de France… mais d’Asie. Le bambou a donc voyagé de l’autre bout de la Terre, pour 2 à 3 mois d’utilisation. Si certaines marques notent « brosse à dents bambou française », on se rend vite compte en fouillant un peu, que si la marque est bien dans l’Hexagone, la coupe du bambou et même souvent la fabrication de la brosse, ont lieu loin de chez nous, principalement en Chine ou en Inde.
Si la version bambou semble toutefois mieux qu’une brosse à dents en plastique jetable, il existe aujourd’hui des alternatives encore moins polluantes : des brosses en plastique recyclé ou en bois, dont seule la tête est à jeter. On garde alors le manche pendant plusieurs années ! Et celles-ci existent en version made in France, avec du bois français.
Toujours pour une version compostable/biodégradable au maximum et made in France, il reste possible d’opter pour une version jetable en bois français. Tu auras toujours à lui couper la tête car les poils en nylon sont à jeter. Mais au moins, tu composteras un manche qui vient de forêts françaises éco-gérées, et non pas du bout du monde.
Le plastique à usage alimentaire biosourcé et/ou biodégradable
Le plastique n’est ni sain, ni écologique. J’ai écrit un article sur ce sujet en septembre dernier, dans lequel je t’explique pourquoi. J’y précise aussi ce que les industriels appellent « bioplastique » et ce qu’on entend par plastique « biodégradable ». Tu peux le voir ici : Le greenwashing de l’industrie plastique. En résumé, le plastique, même « alimentaire » est polluant et présente un risque pour la santé.
Selon l’application, il n’existe pas toujours d’alternative écologiquement acceptable pour le plastique, comme c’est le cas pour les poils des brosses à dents. Cependant, pour la plupart des produits du quotidien qui nécessitent notre attention, il y en a ! Les deux grandes catégories de produits utilisés en alimentaire à éviter en version plastique sont : les produits à usage unique ou jetable, et les emballages et contenants alimentaires.
Pour les produits à usage unique, les efforts sont visibles : fin de distribution de touillettes, gobelets et vaisselle plastique dans la restauration à compter de janvier 2020, et boom des alternatives durables en papier, inox, bois, verre… Pour les emballages alimentaires, les magasins de vrac et les commerçants qui jouent le jeu ne sont plus méconnus de personne, donc pas d’excuse pour les limiter au maximum !
Le vernis à ongles « bio »
Je sais que pour certaines, le sujet est délicat, tellement le vernis parsème nos moindres gestes de couleurs et paillettes. Je vais vous décevoir, mais les vernis réellement naturels et écologiques qui tiennent plus d’une journée n’existent pas. Il y a un joli travail de communication qui est fait avec les vernis « X free » – remplace X par un chiffre allant de 3 à 12. Pour certaines marques, je ne peux même pas dire que ça parte d’une bonne intention : les 3 ou 4 ingrédients qu’on ne retrouve pas dans leurs formules n’empêchent pas pour autant la présence de substances controversées !
Pour d’autres, l’effort est visible et louable. Mais un vernis à ongle n’en reste pas moins une réaction chimique entre substances permettant la formation d’un film. Ce film, mélange de résine, nitrocellulose et/ou adjuvants plastiques n’est pas biodégradable, c’est pourquoi il nécessite un solvant pour être retiré. Et une fois qu’on le retire, ce vernis, il finit où ? Dans la poubelle sur un coton jetable ? Dans les eaux usées lors du lavage de ta lingette ? En petites épluchures colorées par terre ? Tu vois où je veux en venir…
Pour terminer sur les vernis, il y a une pépite de communication qui me fait sortir les yeux de leurs orbites. C’est celle qui dit que les ingrédients de leurs vernis « écologiques » sont issus de végétaux. Oui, mais c’est aussi le cas de la grande majorité des marques conventionnelles qui pourtant ne le revendiquaient pas jusqu’alors, et ça n’en fait pas pour autant des ingrédients naturels : tout dépend du degré de transformation qu’a subit le végétal de départ…
D’ailleurs, as-tu remarqué que les vernis pseudo-bio n’ont pas (encore) le label Cosmos ou Cosmebio ? J’en profite ici pour épingler Kure Bazaar qui a un de ses vernis roses qui s’appelle « Cosmos » mais qui n’a rien de « bio », avec entre autres du polyuréthane dans la formule…
Les produits solaires bio
On attend beaucoup des produits solaires. Mais comment croire un seul instant qu’un filtre UV qui nous protège des rayons du soleil en les absorbant ou les dérivant, puisse n’avoir aucun impact sur l’environnement ? C’est pourtant ce qui est revendiqué par toutes les marques bio et même non bio qui surfent sur la tendance écologique !
Les crèmes solaires bio sont toutes formulées avec comme filtres UV le dioxyde de titane et/ou l’oxyde de zinc. Deux problématiques émergent à mes yeux avec ces substances :
- L’incorporation de dioxyde de titane et/ou d’oxyde de zinc implique très souvent la présence de nanoparticules, même quand il est noté « sans nanoparticules » sur l’étiquette. Les labels bio autorisent les nanos dans les filtres UV jusqu’à hauteur de 50% car ils jugent leur présence parfois inévitable ou involontaire.
- Ces deux ingrédients sont nocifs pour l’environnement : oui et re-oui et qu’on arrête de revendiquer le contraire car c’est tout simplement faux ! Il est aujourd’hui clairement prouvé que ces deux filtres UV impactent la faune et la flore et d’autant plus lorsqu’ils sont sous forme nano.
Pour le dioxyde de titane, les études sont plutôt récentes, mais elles existent et commencent à faire parler d’elles. Les recettes de crème solaire « maison » ne l’utilisent d’ailleurs pas… On lui préfère l’oxyde de zinc, pourtant pire !
Car oui, ce deuxième filtre revendiqué « écologique » a une toxicité pour le milieu aquatique connue des industriels. Il n’y a qu’à voir ce qui est notifié sur la « fiche de sécurité » de cette matière première. Le paragraphe faisant état des conséquences des rejets dans l’environnement précise « Très toxique pour les organismes aquatiques, peut entraîner des effets néfastes à long terme pour l’environnement aquatique» accompagné du pictogramme avec l’arbre et le poisson morts. Tu peux vérifier par toi-même en tapant « FDS oxyde de zinc » sur internet, tu y trouveras de nombreuses fiches de fournisseurs consultables en ligne.
Si tu veux approfondir la question, tu peux lire cet article : Le mythe du produit solaire parfait.
Et toi, tu as en tête d’autres produits « pas si écologiques que ça » à partager ?
Sources :
https://www.economie.gouv.fr/entreprises/interdiction-plastique-jetable
5 commentaires
Pachamaman
Hello Eleni ! Merci pour cet article pleins de très bonnes infos !! Pas si facile d’être écolo au final on est noyé sous un Hamas de publicités mensongères… mais je crois qu’une fois qu’on a compris la bonne réflexion a avoir on peut très bien s’en sortir ?
Eleni
Merci pour ton message, au plaisir de te retrouver sur instagram 🙂
Toussaint
Hello Eleni
Bravo pour ces articles simples et documentés pour faire comprendre le greenwashing omnipresent!
Grâce à tes connaissances scientifiques tu retranscris des éléments complexes en éléments simples et logiques !
Merci encore pour tes pépites!
Biolita
Coucou ! ☺️ Justement tu en avais effectivement déjà parlé du bio plastique et du coup j’avais une question : du coup les plastique biodégradable parfois dans le rayon des fruits et légumes, c’est de la fumisterie ? Et pour les brosses à dent en plastique recyclé j’ai un peut peur, j’ai vu un reportage comme quoi le plastique recyclé contenais bien souvent beaucoup de retardateurs de flamme … donc ça me fais peur d’acheter du recyclé maintenant ! Tu en penses quoi ? Merci pour tes beaux articles ! Gros bisous ?
Eleni
Salut Juliette,
Pour le bioplastique, je n’ai pas encore eu connaissance d’un plastique « facilement » biodégradable. C’est un peu ce que je disais dans l’article sur le greenwashing de l’industrie plastique (ici) : pour que ces plastiques soient effectivement dégradés, il leur faut des températures élevées, l’absence totale d’oxygène… bref, des conditions optimales que tu n’as pas chez toi, simple consommateur, et que n’offre pas la nature non plus en quelques jours ! Fumisterie oui d’une certaine manière du coup, pour 2 raisons : la dégradation est en réalité très difficile, donc le plastique finit à la poubelle d’ordures ménagères (quoique ça change avec de plus en plus de communes qui proposent le recyclage des plastiques alimentaires) et l’origine du « bioplastique » n’est pas nécessairement à 100% issue du végétal.
Pour les brosses à dents, je me méfie aussi du plastique recyclé. Ils contiennent effectivement des résidus de leur vie d’avant et des traitements possibles. C’est (un peu) écologique car on recycle, mais ce n’est absolument pas un gage de produit sain et sans risque pour autant, en effet.