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Savoir réagir en cas de catastrophe technologique

Entre nos nombreux sites industriels et nos centrales nucléaires, le risque d’un accident doit être envisagé. Malgré les précautions et les contrôles, la France est d’ailleurs régulièrement témoin d’incendies ou d’explosions, comme cela a été le cas avec l’usine de Lubrizol à Rouen. Pour éviter toute panique et agir rapidement et efficacement en cas de catastrophe, voici un article qui répertorie et t’explique la marche à suivre.

Je t’emmène d’abord faire un tour de France de nos usines et centrales nucléaires – je conseille les âmes sensibles de s’abstenir – avant de te proposer d’étudier les conseils officiels de protection de la population données par le gouvernement – âmes sensibles : aller directement au deuxième chapitre. Loin de moi l’idée de te faire peur avec cet article. Au contraire, être prêt et informé à l’éventualité d’un accident industriel ou nucléaire te permettra de garder ton calme et ton sang-froid si la situation se présente.

Les différentes catastrophes technologiques possibles en France

Les accidents chimiques

La France compte 1312 sites industriels classés SEVESO, dont un peu plus de la moitié est considérée à seuil haut. Cette classification est attribuée aux usines qui représentent un fort risque pour l’environnement et la population en cas d’explosion, d’incendie ou de dégagement de produits toxiques. Ces installations peuvent être des usines chimiques, des incinérateurs de déchets, des exploitations agricoles ou des raffineries pétrochimiques, par exemple. D’autres sites de ce type, considérés comme « moins risqués », peuvent toutefois être aussi victimes d’accidents et responsables de dégâts.

Bien que les industriels soient soumis à des règles de sécurité lourdes, les accidents en France sont réguliers et en augmentation. Selon le Barpi, Bureau d’analyse des risques et pollutions industrielles, on a dénombré 440 accidents industriels en 2018, dont 161 provenaient d’usines SEVESO.

Leurs conséquences à court terme sont, heureusement, rarement graves. La dernière explosion mortelle connue en France est celle, en 2001, de l’usine AZF à Toulouse. A contrario, les conséquences à long terme ont tendance à être négligées, alors que les répercussions sur la santé des populations exposées à ces substances chimiques sont réelles.

Les accidents nucléaires

58 centrales nucléaires sont installées sur 19 sites en France et 6 sont (toujours) en cours de démantèlement. Le danger que représente une centrale est réel. Il a été étudié avant chaque construction et fait l’objet de révisions régulières par l’ASN, l’Autorité de Sureté Nucléaire, sur les avis de l’IRSN, Institut de Radioprotection et Sûreté Nucléaire. Il peut provenir du réacteur, inaccessible, de sa piscine de refroidissement, mais aussi des piscines de stockage, ou du transport des déchets…

Risque sismique, risque terroriste, risque d’inondation, tout est pris en compte. Je ne saurais te donner la probabilité qu’a un accident nucléaire de se produire en France, mais notre parc de centrales nous classant en 2ème position mondiale des producteurs nucléaires, cela mérite réflexion. Tchernobyl en 1986 et Fukushima en 2011 sont encore frais dans nos mémoires. Le risque le plus probable selon moi pour la France ? Le manque d’eau pour remplir les piscines de refroidissement, car les épisodes de sécheresse sont de plus en plus fréquents, et ça ne va pas aller en s’améliorant.

Que faire en cas d’accident industriel ou nucléaire ?

Reconnaître la sirène

En cas de catastrophe naturelle ou technologique, le premier système d’information de la population est la sirène. Hormis lors des essais qui ont lieu le premier mercredi du mois, elle ne sonne qu’en cas d’alerte. Dans ce cas, le signal officiel est de trois fois 1 minute et 41 secondes, séparés d’une pause de 5 secondes.

sirène générale durée
Durée du signal de la sirène générale

Si tu as été à l’école ou que tu travailles en France, tu as sûrement en tête de ne pas trop prendre au sérieux les alarmes, habitué que tu es aux « fausses alertes » et autres tests d’évacuation. Evidemment, c’est un tort, car le danger peut être réel. Mais si en plus, c’est la sirène générale que tu entends, il te faut agir, et vite !

Te tenir informé

La première chose à faire si la sirène se déclenche, c’est d’allumer la radio ou la télé, pour connaître l’origine du signal et les consignes à suivre. Si l’alarme n’a pas retenti ou si tu ne l’as pas entendue, mais que tu as un doute sur un éventuel événement qui serait en cours, les chaînes officielles de la radio et de la télévision restent les sources d’information les plus fiables en cas d’urgence vitale pour la population.

radio information catastrophe technologique

En revanche, quelque chose qui n’est pas simple dans ces moments et que peu de personnes savent, c’est que tu ne dois pas utiliser ton téléphone, portable comme fixe. Les lignes téléphoniques doivent rester disponibles pour les secours. Or, si tout le monde se met à téléphoner en même temps, pris dans la panique, ça fait un peu comme le soir du nouvel an : plus rien ne passe. Et si tu t’inquiètes pour tes enfants ou autres, j’y fais référence un peu plus loin dans le paragraphe « Anticiper une catastrophe ».

Te protéger

Tu es chez toi ou dans un bâtiment

Si la radio t’informe qu’il s’agit d’une catastrophe technologique, la consigne qui sera probablement donnée en premier lieu est le confinement. Pour cela, reste à l’intérieur, ferme les fenêtres et les volets, bouche toutes les entrées d’air, les VMC, colmate les portes et coupe tout ce qui peut l’être : le gaz, l’électricité, le chauffage, la climatisation. Tiens-toi le plus loin possible des fenêtres au cas où il y aurait une explosion et suis les recommandations données aux informations, en privilégiant la radio – bah oui la télé fonctionne à l’électricité en général ? Ne fume pas et patiente dans une pièce avec une arrivée d’eau de préférence.

Tu es dans ta voiture

Arrête-toi vite, sors de ta voiture et mets-toi à l’abri dans un bâtiment.

Tu es dehors

Mets-toi à l’abri dans le premier bâtiment que tu trouves. S’il n’y en a pas à côté et que tu vois un nuage toxique, fuis dans une direction perpendiculaire au sens du vent en te protégeant le nez et la bouche avec un linge humide si tu en as la possibilité.

Fuir un nuage toxique
Fuir dans une direction perpendiculaire au nuage toxique

Quitter les lieux

Si les autorités jugent nécessaire de faire évacuer la zone dans laquelle tu te trouves, tu en seras informé par la radio ou éventuellement un sms. Dans ce cas, prépare un sac avec tes papiers d’identité et des affaires indispensables comme tes médicaments et de l’eau  voir le paragraphe « préparer son sac de secours ». Ferme les portes principales à clés et rends-toi au point de rassemblement qui t’a été donné.

Fin d’alerte n’est pas fin des conséquences

Un confinement n’est pas censé durer plus de 24 à 48h maximum. Un nouveau retentissement de la sirène t’informe de sa levée. Reste à l’écoute des informations des autorités pour savoir comment réagir par la suite, la nourriture que tu peux manger et si tu peux boire l’eau du robinet sans risque.

Anticiper une catastrophe

Au risque de me répéter, s’être informé en amont sur l’éventualité d’une catastrophe et avoir assuré ce qui peut l’être au calme, permet de mieux gérer la crise si elle survient. Voici ce que tu peux faire dès maintenant – voire qu’il serait bon de faire si tu habites près d’une centrale nucléaire ou d’une usine !

Te renseigner et sensibiliser ton entourage

Bon, si tu en es arrivé là dans l’article, on peut dire que tu es déjà bien informé. Reste à sensibiliser ton entourage sur ce sujet. Tu peux leur transmettre le lien des préconisations gouvernementales s’il leur faut quelque chose d’officiel, il est dans les sources ci-dessous.

Lors d’une catastrophe, il ne faut pas utiliser son téléphone pour appeler et il ne faut pas sortir pour aller chercher ses enfants, ce sont les instituteurs qui les prendront en charge. Tu peux vérifier auprès d’eux qu’ils sont bien formés à ces gestes. C’est censé être le cas, mais ça ne l’est pas toujours. T’en être assuré avant te permettra de moins t’inquiéter en cas d’accident.

Préparer un sac de secours

Si tu dois quitter les lieux, tu n’auras que quelques minutes pour préparer tes affaires les plus importantes. Ça ne sera pas le moment de réfléchir à ce que tu fois prendre ou de te rendre compte qu’il te manque quelque chose d’important !

Voici ce que tu peux préparer à l’avance et conserver chez toi :

  • Une radio à piles ou mieux, à manivelle/solaire
  • Une lampe torche à manivelle
  • Des médicaments de base et ceux dont toi et tes proches pouvez avoir spécifiquement besoin
  • Une couverture de survie par personne
  • Une boite d’iodure de potassium : plus d’informations ci-dessous
  • Une liste écrite de ce que tu ne peux rassembler qu’en dernière minute (papiers d’identité, de l’eau, de quoi manger un peu, de quoi t’occuper)
Iodure de potassium
Source : https://www.resilience-urbaine.com/survie-urbaine/pastilles-iode-iodure-de-potassium/

Explications sur l’iodure de potassium 

Il s’agit d’un iode « stable » à prendre en cas de catastrophe nucléaire dégageant de l’iode « radioactif ». Cet iode stable sature la thyroïde, organe particulièrement sensible, et la protège des dégâts causés par la radioactivité. Ceux qui habitent dans un rayon de 20km d’une centrale nucléaire se voient remettre un ticket de retrait d’iode, gratuitement, lors de campagnes de sensibilisation. La boite est à conserver chez eux ou sur eux.

Problèmes :

  • Bien que ces personnes soient en première ligne, la fuite radioactive peut se propager rapidement selon les vents et concerner des personnes qui ne sont pas considérées comme habitant une zone à risque…
  • Dans ce cas, tout le monde va se jeter sur les pharmacies et lieux de stockage qui existent dans chaque commune française (encore faut-il que les concernés sachent où sont ces stocks !) et le risque de prendre du retard ou de manquer de comprimés est envisageable.
  • Or, l’iode stable est à prendre au plus vite, dès que l’information est donnée par les autorités (via la radio, la télé…), donc mieux vaut en avoir chez soi. Renseigne-toi auprès de ton pharmacien ou de ton médecin pour en savoir plus.
  • Plus d’informations ici : http://www.distribution-iode.com/ ou en te renseignant sur le dispositif ORSEC – iode de ton département si tu n’es pas en zone à risque.

J’ai bien conscience que ces informations, bien qu’orientées « solutions », peuvent faire peur, car elles réveillent la possibilité d’une catastrophe inconnue. Je reste donc disponible pour répondre à toute question et finis cet article, encore une fois, par te rappeler qu’anticiper est la meilleure façon de se protéger.

Les sources pour cet article sont nombreuses, je te donne les principales :

Suivant les conseils de Philippe Perrin, Eco-infirmier, Fondateur et Directeur pédagogique de l’IFSEN – Institut de Formation en Santé Environnementale : https://www.ecoinfirmier.com/

Selon les préconisations gouvernementales françaises : https://www.gouvernement.fr/risques/accident-industriel

Les chiffres des accidents chimiques français donnés par le Barpi dans cet article d’Usine Nouvelle : https://www.usinenouvelle.com/article/reperes-de-plus-en-plus-d-accidents-sur-les-sites-seveso.N891679

Le travail d’une association française de protection de la population face à la radioactivité : la CRIIRAD, Commission de Recherche et d’Information Indépendante sur la Radioactivité http://www.criirad.org/

Des informations sur les centrales nucléaires françaises sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Centrale_nucl%C3%A9aire_en_France

Le danger des sécheresses pour les centrales françaises : https://www.sortirdunucleaire.org/Secheresse-et-canicule-des-centrales-nucleaires

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