Le mythe du produit solaire parfait
Avec les beaux jours qui arrivent et les grandes vacances en ligne de mire, tout parent se pose LA question de l’été : quelle crème solaire choisir pour soi et ses enfants ? Les produits solaires n’échappant pas à la règle des cosmétiques controversés, il est devenu difficile de faire son choix parmi les nombreux flacons orange qui ont commencé à pointer le bout de leur nez dans les rayons des supermarchés, des pharmacies, et des magasins bio.
Les marques ont senti la panique du consommateur, et elles sont nombreuses à surfer sur la vague du « green », vantant les mérites de leur crème solaire respectueuse de l’environnement et de la santé. Mais à quelques semaines des vacances, notre cerveau ne sait plus s’il doit choisir le flacon le plus vert ou rester fidèle à sa marque orange… Dans cet article, je te propose donc de comprendre où se jouent les controverses.
Distinguer les filtres solaires chimiques et minéraux
Un produit solaire, pour remplir sa mission, contient nécessairement des substances dont le rôle est de filtrer les rayons UV. Deux catégories d’ingrédients réglementés peuvent avoir cette fonction :
- Les filtres solaires chimiques
- Les filtres solaires minéraux
Les filtres solaires chimiques
Ce sont des molécules organiques synthétiques, qui fonctionnent en absorbant les rayons UV à la place de la peau. Ces filtres sont soumis à la réglementation cosmétique, qui en autorise 25 et limite leur pourcentage d’incorporation dans les formules.
Ils sont décriés car soupçonnés d’effets plus ou moins toxiques pour l’organisme et sont polluants pour l’environnement. Ils sont d’ailleurs interdits dans les produits solaires pour bébé, ce qui, à mon sens, en dit long sur leur profil de perturbateurs endocriniens suspectés ou même avérés (!). Evidemment, les labels bio ne les autorisent pas.
Quelques exemples de noms INCI de ces ingrédients que tu peux retrouver sur les étiquettes des flacons : octocrylene, ethylhexyl methoxycinnamate, ethylhexyl triazone, 3-benzophenone…
Les filtres solaires minéraux
Ce sont des molécules inorganiques qui agissent comme des écrans en renvoyant les rayons au lieu de les absorber. Ils sont deux à être officiellement catégorisés comme « filtres solaires autorisés » par la réglementation cosmétique : le dioxyde de titane et l’oxyde de zinc. Ils peuvent être – voire sont principalement – utilisés à l’état nanométrique. Les marques les avancent comme étant sans risque pour l’écosystème aquatique, mais ce point est remis en cause. Ils sont utilisés dans les produits solaires pour bébés et autorisés par les labels bio, à défaut de « mieux ».
Les huiles végétales à absorption UV
Certaines huiles végétales ont la réputation d’offrir une protection solaire via leur capacité intrinsèque à absorber les UV et/ou à contribuer à la régénérescence cellulaire. C’est le cas, par exemple, de l’huile de karanja, de l’huile de germe de blé, de l’huile de pépins de framboise ou encore de l’urucum, un extrait d’arbuste d’Amazonie.
Attention toutefois à leur utilisation, si tu ne veux pas virer écrevisse : elles n’offrent qu’une protection très limitée par rapport aux crèmes solaires du commerce. En effet, elles ne fonctionnent pas tout à fait sur le même principe que les filtres communément utilisés. Elles ne sont donc pas à considérer comme des produits solaires ! En revanche, tu peux les utiliser pour préparer ta peau avant les vacances ou comme soin après-soleil.
Avec ou sans nano ?
Si tu as déjà mis le nez sur les flacons de crèmes solaires, tu as peut-être remarqué que certaines marques revendiquent être « sans nanoparticules« , qu’elles soient bio ou non.
NB : les revendications « sans » sont interdites depuis juillet 2019 et devraient disparaître des étiquettes des produits cosmétiques ainsi que de tous les supports de communication des marques. Ces revendications étaient déjà interdites avant cette date mais une tolérance existait jusqu’alors.
Qu’est-ce qu’un ingrédient cosmétique « nano » ?
Un ingrédient dit « nano » se caractérise par sa taille inférieure ou égale à 100 nanomètres (100nm), soit l’équivalent pour un homme, d’une pomme sur la planète. Pour en savoir plus sur les nanoparticules, tu peux lire les articles « Nanoparticules : molécules mini pour effet maxi » et « Nanoparticules : vers un futur scandale ?« .
Les nanoparticules en cosmétiques concernent les deux filtres solaires minéraux, dioxyde de titane et oxyde de zinc, mais aussi certains filtres chimiques, certains colorants/pigments, des actifs…
La réglementation cosmétique impose l’annotation [nano] accolée au nom de l’ingrédient pour informer le consommateur de leur présence. Les labels bio les autorisent sous conditions : uniquement pour les deux filtres minéraux, et moins de 50% de la poudre peut être de taille nanométrique.
La controverse des filtres « nano » en cosmétique
Les nanoparticules sont controversées en application cosmétique – mais dans toutes leurs applications aussi d’ailleurs ! – car leurs effets sur la santé sont toxiques en absorption ou inhalation et encore mal connus en application cutanée.
Les toxicologues se veulent rassurants concernant leur utilisation en application cutanée sur peau parfaitement saine. Ils mettent en avant que les nanoparticules forment des agrégats, c’est-à-dire qu’elles s’assemblent ou fusionnent et sont alors de taille plus importante. Ou encore, qu’elles subissent un enrobage les rendant plus stables et finalement encore, dépassent les 100nm.
Oui, mais si tu as bien lu, j’ai écrit « application cutanée » et « peau parfaitement saine ». Il en est tout autre chose en cas d’inhalation – tu sais, ton spray solaire que tu pshiiiit dans le vent du large – ou sur peau lésée. Et ce qu’on considère comme une peau lésée, c’est un peu la peau de monsieur et madame tout le monde : une peau fraîchement rasée ou épilée, un bouton d’acné, une piqûre de moustique, un eczéma, une égratignure, un précédent coup de soleil…
Le « sans nano » : c’est fiable ?
Etant donné les difficultés qu’ont eu, et qu’ont parfois encore, les industriels à obtenir la certitude de l’absence de nanoparticules dans leurs dioxyde de titane et oxyde de zinc, nous pouvons en douter. Non pas que cela parte nécessairement d’une mauvaise volonté, mais :
- Les analyses coûtent cher et ne sont donc pas (ou rarement) faites par les fabricants de produits cosmétiques, qui se basent sur les données de leur fournisseur.
- La présence involontaire d’une certaine quantité de nano dans la poudre est jugée acceptable…
- La réglementation des nanos s’arrête à une taille de 100nm alors que les molécules jusqu’à 300nm peuvent avoir un comportement caractéristique des « nanos » : donc si tu es au-dessus de 100nm, tu peux estimer que tu es officiellement « sans nano » mais en réalité, ça se discute.
La dernière étude de l’UFC Que choisir à ce sujet en 2017 mettait bien en avant ces problématiques, avec entre autres, une crème solaire de la marque allemande bio Lavera contenant du dioxyde de titane nano à 100% ! Nous attendons avec impatience une nouvelle vague de tests, pour savoir à quelle sauce on se tartine…
Produits solaires : l’heure du choix
Evidemment, avant de choisir sa crème solaire, il faut partir du principe que plus on se protège du soleil direct, moins on a besoin de se tartiner. Chapeau, vêtements amples, parasol et ombre aux heures les plus chaudes sont à privilégier en premier lieu. Ce sont les seules solutions SAINES et EFFICACES à 100%.
Pour faire ton choix, quelques conseils simples :
- Choisis une crème solaire « minérale » : malgré les doutes qui pèsent sur les filtres minéraux, ils restent sans aucun doute préférables aux filtres chimiques, tant que nous n’aurons pas d’alternative.
- Préfère un label bio : les seuls filtres utilisés seront minéraux et à priori sans (trop de) nanoparticules. Pas (trop) de greenwashing non plus à craindre avec un label bio…
- … contrairement à certaines marques conventionnelles qui revendiquent être « sans nano », « sans filtre chimique », « sans sans sans ! » mais qui contiennent par ailleurs d’autres ingrédients controversés comme des silicones ou du phenoxyethanol.
- Privilégie les flacons-pompe ou les tubes et évite les sprays, peu importe la marque que tu choisiras : en format spray, le produit est pulvérisé dans l’air et le risque d’inhaler des particules est grand. Si tu as déjà acheté ta crème et qu’elle est en spray, projette le produit dans le creux de ta main.
- N’applique pas de produit sur une peau lésée : piqûres d’insectes, eczéma, coup de soleil de la veille, égratignure de cascade en rollers sont à protéger par des vêtements jusqu’à cicatrisation. Plus difficile de suivre cette recommandation pour l’acné si la zone concernée est grande, mais malgré tout, fais ton possible pour l’éviter.
- Pour la même raison, préfère un rasage ou une épilation la veille au soir pour laisser le temps à la peau de cicatriser les micro-coupures, qui ne sont pas nécessairement visibles à l’œil nu.
Enfin, je rappelle qu’un bébé ne doit pas être exposé au soleil direct et ne doit pas non plus recevoir de crème solaire. Mieux vaut attendre la marche – et par la même occasion, l’impossibilité de maintenir le loustic sous le parasol – pour lui mettre de la crème. Si vraiment tu ne peux pas faire autrement, attends à minima les 6 mois révolus de ton bébé et choisis impérativement un label bio à appliquer uniquement sur peau saine, en évitant ses mains et ses pieds s’il les porte à la bouche.
Bon shopping estival !
Sources
https://www.quechoisir.org/guide-d-achat-creme-solaire-n4471/
4 commentaires
greenjaseuse
Article vraiment très complet ! Merci beaucoup
Eleni
Super, merci pour ton retour ! 🙂
Celine
Alléluia ! Enfin des conseils utiles pour bien choisir. J’ai retenu, chez cet été ce sera filtré minéral Bio. Merci !!
Eleni
Merci Céline !
Même si le bio n’est pas parfait dans le cas des produits solaires, ça reste l’option la plus intéressante 😉