1000 jours pour protéger la santé de ton enfant
« Pas d’alcool pendant la grossesse, pas de cigarette, attention à ce que tu manges et avec quels cosmétiques tu te tartines… ». On s’imagine facilement les effets néfastes immédiats ou à court terme que peut avoir notre mode de vie sur le bébé que l’on porte. Ce qu’on imagine moins, en revanche, c’est à quel point les périodes de la grossesse et des deux premières années de vie d’un petit impacteront sa santé à très, très, long terme.
9 mois de grossesse + 2 ans = 1000 jours
1000 jours pour déterminer la bonne santé ou les maladies d’une vie, qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Ce n’est pas la génétique qui fait qu’on est plus sensible à certaines pathologies en vieillissant ? Ou la malbouffe de nos années étudiantes ? Si bien sûr, mais pas que.
Comprendre la génétique et l’épigénétique…
D’après certaines études, les gènes représenteraient seulement 25% de qui nous sommes. Les 75% restants proviendraient de l’épigénome, c’est-à-dire de tout « l’enrobage » qui vient activer ou désactiver certains gènes.
Cet épigénome est en grande partie dépendant de notre environnement, avec de nombreux facteurs mis en jeu :
- L’alimentation
- Le stress
- La pollution et les toxiques
- Les influences culturelles et sociales
- Le climat et les perturbations climatiques
- Les relations psycho-affectives
Ces facteurs peuvent agir aussi bien de manière positive, avec un rôle protecteur, comme de manière négative, avec un effet délétère sur notre organisme.
Et la bonne – et mauvaise, du coup ! – nouvelle, c’est que l’on s’est rendu compte que tout ce matériel épigénétique se transmet aussi en grande partie à notre descendance ! Ce que les chercheurs ont appelé la « DOHaD » pour Developmental Origins of Health and Disease, montre, en effet, que l’environnement et le mode de vie des futurs parents, de la femme enceinte, puis du bébé, jouent sur l’expression des gènes de ce dernier et le prédispose à certaines pathologies.
En gros, avec les mêmes gènes, un bébé qui se forme puis grandit dans un environnement sain, aura moins de risques de développer des maladies comme certains cancers à l’âge adulte, que le même bébé dans un environnement pollué.
… Pour agir au bon moment !
Sachant cela, et ne pouvant plus agir sur notre passé, il nous faut être particulièrement attentif à certaines périodes clés de notre vie, afin d’apporter la meilleure base de départ à nos enfants :
- Tout couple souhaitant procréer devrait essayer de réduire son exposition aux polluants avant même de se lancer dans un projet bébé : la transmission aux générations futures commence dès la période pré-conceptionnelle.
- Toute femme enceinte doit se protéger au maximum des polluants : air intérieur de son habitation/de son lieu de travail, alimentation, cosmétiques, produits ménagers…
- Les jeunes enfants, surtout jusqu’à l’âge de 2 ans, méritent une attention particulière concernant le choix des aliments, des produits cosmétiques, mais aussi du matériel de puériculture, du mobilier, des produits ménagers…
Mais alors après, tu vas me dire, c’est fini ? Si mon gosse a soufflé sa deuxième bougie, il peut manger des bonbons pleins de E131 – c’est un additif colorant bleu, si tu te pose la question – et se laver au gel douche Avec Parabènes ?
Non, évidemment, les différents facteurs environnementaux rencontrés dans la vie auront toujours un impact sur notre santé. Tu peux lire l’article « La santé environnementale ou comment l’environnement agit sur ta santé » à ce sujet.
On garde toute la vie une sensibilité à son environnement, avec la possibilité de changer encore et encore ce fameux « épigénome ». Ce qui est certain, cependant, c’est que les conséquences diffèrent selon la période de rencontre avec les polluants et toxiques, avec une fenêtre très critique pendant ces 1000 premiers jours de vie.
Sources et lectures pour aller plus loin :
Les perturbateurs endocriniens en accusation, André Cicolella, éditions Les Petits Matins
http://www.sf-dohad.fr/ avec une vidéo très bien expliquée, de Claudine Junien, Professeure de Génétique, INRA UMR Biologie, Développement, Reproduction
TIME, October 4, 2010. Vol. 176 No. 14 http://content.time.com/time/magazine/0,9263,7601101004,00.html